Droit à la déconnexion ou devoir de bon sens ?


Blog Detail

mardi 07 février 2017

L'essor des smartphones, l'impact des réseaux sociaux, la magie des applis… notre quotidien a été révolutionné ces dernières années et nous en profitons tous. Il est aujourd'hui plus facile de commander un taxi, de se faire livrer une pizza, de prévoir ses voyages ou de parler et voir ses amis, même lorsqu'ils sont à l'autre bout du monde… Quel bonheur que cette hyper-connexion qui simplifie la vie et nous permet de garder contact, même virtuellement, avec nos proches!

Mais, paradoxalement, cette ultra-connexion peut générer des risques. Trop besoin d'immédiateté? Dépendance au smartphone? Insécurité sur la route ? … et même décalage avec la réalité lorsque la Cour de cassation nous apprend que nos amis Facebook ne peuvent être considérés comme nos amis dans la "vraie" vie* (mince alors!)?

Le monde de l'entreprise n'est pas épargné… loin de là!
Constatant, d'une part, qu'il devient trop courant de consulter ou répondre à ses emails à toute heure (du jour et de la nuit) et en tout lieu (que l'on soit à son bureau ou sur la plage), et, d'autre part, que les burn-out se sont profondément accrus ces dernières années (plus de 12% de la population active serait touchée par ce symptôme en France), le législateur a décidé d'intervenir. Ainsi, depuis le 1er janvier, la loi Travail oblige les entreprises de plus de 50 salariés à garantir un « droit à la déconnexion » à leurs salariés.

Quand le bon sens devient une spécificité de l’art de vivre à la française

 

Si cela a pu faire sourire certains aux quatre coins du monde, confirmant ainsi l'image du français fainéant (déjà qu'il ne travaille que 35 heures...), quelques observateurs ont salué cette loi comme étant un exemple à suivre, un nouveau signe de l'art de vivre à la française. Nous avons compris que, si elle peut être vitale du point de vue du service aux clients, l'ultra-connexion peut s'avérer fatale pour un collaborateur, quel que soit son niveau hiérarchique, si elle n'est pas vécue avec raison ou bon sens.

Car le fond de l'affaire est bien là: je suis convaincu que seule la responsabilisation de chacun, aiguillée s'il le faut par l'entreprise, permettra d'éviter les risques dont il est question. Je ne crois pas en des mesures trop directives consistant à couper purement et simplement des serveurs le soir, à partir d’une certaine heure. Les groupes internationaux qui composent avec la joie des fuseaux horaires ne peuvent se le permettre, et les entreprises au service de leurs clients ne peuvent se montrer injoignables lorsque ces derniers ont besoin d’elles.

Chez AXA, nous n'avons pas attendu la loi pour nous pencher sur le sujet. Une charte "Pour mieux travailler ensemble", mise en place dès 2012, évoquait déjà une pratique raisonnée du mail. Un accord "Qualité de vie au travail et prévention du stress" rappelait en 2013 les règles du bon usage du mail, limité aux horaires de bureau… et plus récemment, en mars 2016, nous avons inscrit pour la 1ère fois la notion de "droit à la déconnexion" de façon explicite dans un accord (accord GPEC 2016/2018).
Seule la pédagogie, le bon sens et la responsabilisation peuvent être salutaires. L'idée n'est pas d'empêcher les collaborateurs de se connecter, mais de leur donner les moyens de le faire lorsqu'ils le souhaitent, et que cela soit respecté par leur environnement et leur hiérarchie.

Charité bien ordonnée commençant par soi-même, soyons tous vigilants dans l'usage de nos mails, textos ou tchats. Directeur de la communication, je ne cesse de rappeler aux uns et aux autres qu'un message sera d’autant plus efficace si l'on choisit judicieusement le bon mot, le bon canal et le bon moment.

Et si par malheur vous n'arrivez pas à vous raisonner, voici un conseil : a minima choisissez bien la sonnerie de notification de vos mail… il paraît qu'elle peut adoucir vos mœurs.

* C.Cass - arrêt du 5 janvier 2017